Gérard Depardieu, l'autodidacte inspiré

Gérard Depardieu est né à Châteauroux, le 27 décembre 1948, dans une famille pauvre d'anciens paysans, et il a vécu son enfance dans la violence et la délinquance. A treize ans, il part. Et puis, sur un coup de chance - une rencontre dans la gare de Châteauroux, - il peut monter à Paris, suivre des cours de théâtre. Il devient comédien, à la scène, à la télévision et au cinéma. Le succès des Valseuses (1974) en fait une vedette.

Le livre de Robert Chazal est l'histoire de cet " autodidacte inspiré ", échappât à son destin de mauvais garçon qui le guettait et se lançant à corps perdu dans le métier d'acteur. Un entretien avec Gérard Depardieu, recueilli au magnétophone, sert de préface. C'est l'autoportrait d'un homme qui se raconte à bâtons rompus, se juge avec lucidité, révèle avec des mots simples et singulièrement pénétrants, sa nature profonde. Puis Robert Chazal prend le relais, décrit l'itinéraire de Gérard Depardieu, enchaînement de circonstances et montée vers la gloire, révélation progressive d'un phénomène qui bouscule bien des traditions.

Avec son physique, ses manières, son langage, Depardieu semblait fait pour incarner le loubard perpétuellement en cavale et n'ayant que la violence pour loi. Il aurait été ainsi, pour un temps, le symbole d'une génération de marginaux. Or, il a voulu interpréter les personnages, les rôles, les plus divers. Robert Chazal, critique dont la précision d'écriture se joint à une grande connaissance du cinéma, montre comment et pourquoi la violence instinctive de l'acteur, d'abord exploitée par les scénaristes et les metteurs en scène, a suivi plusieurs étapes de transformation, jusqu'à être dépassée.

D'où l'originalité de Gérard Depardieu. Bien qu'on l'ait parfois comparé à Jean Gabin, il ne ressemble à personne, et a modifié l'image de la vedette de prestige et la notion d'" emploi ". Des citations, des témoignages émaillent, ici et là, cette étude objective (même si l'admiration y a sa part) et clairvoyante. Le livre de Robert Chazal a autrement plus d'intérêt que ces mémoires et autobiographies de vedettes célèbres dont les éditeurs semblent toujours friands et où l'on ne trouve que recueils d'anecdotes.