Le faux évêque de la Vendée : Monseigneur d'Agra

Prêtre aventurier, charmeur et mythomane, Gabriel Guillot de Folleville, soi-disant évêque d'Agra, est né à Saint-Servan près de Saint-Malo en 1764. Envoyé au séminaire d'Angers, il est ordonné prêtre en 1787. Il flirte à Paris avec les révolutionnaires avant d'être nommé en 1790 curé de Dol (Ille-et-Vilaine). Il prête le serment constitutionnel, puis se rétracte six mois plus tard. Il s'enfuit et, en janvier 1793, s'installe à Poitiers où il se présente comme un ardent jacobin, séduit les jeunes filles et les « patriotes ».
Mais, la nuit, Guillot fréquente le monde clandestin du clergé réfractaire et des dévotes qu'il séduit aussi en leur révélant qu'il est « évêque d'Agra ». Craignant que sa double vie soit découverte, il s'enrôle dans un bataillon de volontaires « patriotes » pour se battre contre les Vendéens. Lors de la bataille de Thouars, le 5 mais, terrorisé, il passe aux Vendéens auxquels il affirme être « évêque d'Agra », enrôlé de force par les républicains. Ravis d'avoir un prélat pour galvaniser leurs hommes, les chefs de l'insurrection s'empressent de le croire. Il devient ainsi l'évêque de la Vendée insurgée, préside le Conseil supérieur, bénit les troupes avant chaque bataille, officie pontificalement dans la cathédrale d'Angers et dans les églises des villes conquises : c'est une figure de proue...

Bien raconté, très documentée, l'histoire de cet imposteur est en même temps un excellent tableau de la société française face aux fluctuations et incertitudes de la période révolutionnaire.